Welcome to the Masquerade. ~

Pourquoi fallait-elle qu’elle y aille déjà... ? Ah oui, pour ses études. Pourquoi faisait-elle ces études déjà... ? Ah oui, pour son père. Pourquoi avait-elle un père comme le sien déjà... ? Ah oui, parce qu’on ne choisissait pas ses parents. Pourquoi... Rhaaa tais-toi cerveau, c’était pas le moment ! Concentrée à avaler les kilomètres à cheval sur sa Ducati Streetfighter, Beth eut un léger tic d’agacement qui agita son sourcils droit alors qu’elle augmentait une nouvelle fois sa vitesse. Un jour, il faudrait qu’on lui explique comment c’était humainement possible de tenir le rythme de vie de folie qu’elle menait. Elle avait enchaîné trois gardes de nuit à l’hôpital, et avait passé le reste de la journée à tenir ses responsabilités au sein de l’entreprise de son père, à savoir enchaîner les rendez-vous et superviser les recherches. Cela avait eu pour conséquence de la priver de sommeil pendant un temps. Heureusement, elle pouvait compter sur son énergie pour lui faire tenir ce train de vie et ces insomnies n’avaient eu pour effet que de la calmer un peu, l’empêchant de faire le kangourou dans tous les sens.

Mais ce n’était pas pour le travail cette fois-ci qu’elle se déplaçait. Non, c’était pour ses études. Elle avait rendez-vous à l’Institut Xavier, officiellement une école pour jeunes surdoués, où elle devait rencontrer son éminent doyen, le Professeur en génétique Charles Xavier. Ce genre de démarche lui était à la fois frustrant et reposant. Frustrant car elle avait l’impression d’avoir dépassé le statut d’étudiante depuis longtemps, reposant car elle n’avait que vingt-et-un ans, et elle avait parfois besoin de se séparer de toutes ces activités pour des sorties peut-être plus adaptées à son âge. En parlant de ça... S’aplatissant un peu plus sur sa moto, la demoiselle augmenta une nouvelle fois sa vitesse, dépassant de très loin les limitations autorisées par la loi. Elle savoura bien plus qu’elle ne saurait l’avouer le ronronnement du moteur qui s’en donnait à cœur joie contre son buste et entre ses cuisses, se servant de toute la force de ses bras pour garder le contrôle sur le guidon.

Sa bécane était une nerveuse, et Beth adorait ça. Elle jeta un coup d’œil discret sur le cadran tactile de son GPS qui lui indiquait la bonne route à suivre. En avance sur l’horaire, Beth se permit quelques détours afin d’éviter les zones trop fréquentées qui l’auraient forcées à ralentir et fut bientôt en vue de l’imposant Institut. S’arrêtant l’espace d’un instant pour examiner les lieux au sommet d’une butte, elle détailla la bâtisse et le parc délimité par un mur d’enceinte qui l’entourait, lui-même cerné par une épaisse forêt. Eh bien, il fallait le vouloir pour entrer là-dedans. Rabaissant la visière de son casque d’un geste sec, elle redressa son véhicule et se remit en route d’une allure beaucoup plus modérée cependant, elle risquait de croiser des élèves. Les pneus crissèrent sur les graviers qui formaient la route quand elle s’arrêta devant la grille, déclinant son identité pour qu’on la laisse passer. Roulant au pas, elle prit le temps d’admirer la beauté des lieux avant d’aller garer sa bécane sur le parking réservé aux visiteurs.

Assise sur le cuir de son siège, elle ôta lentement son casque pour libérer sa chevelure ébène. Elle le coinça sous son bras et pianota de sa main libre sur l’écran tactile pour éteindre le GPS et le rangea soigneusement dans son sac. Un coup d’œil à sa montre lui apprit qu’elle avait vingt minutes d’avance, ce qui n’était pas si dramatique en soit. Ôtant les clés du contact, elle appuya l’engin sur sa béquille avant d’entrer dans le bâtiment en retenant un gémissement. Elle espérait que quelqu’un allait la guider ou qu’il allait y avoir des panneaux pour la diriger, car elle allait se perdre là-dedans, et il allait falloir beaucoup plus que ses vingt minutes d’avance pour ne pas être en retard. Poussant machinalement la porte, elle pénétra dans l’Institut, un air curieux et observateur sur le visage... et fut accueilli par un type baraqué qui, sans être agressif, ne gagnerait pas le concours de la tête la plus gentille du monde.

« Qui t’es toi, microbe ? »
« Euh... Annabeth Kane, j’ai rendez-vous avec le Professeur Xavier. Savez-vous où je pourrais le trouver ? »
« J’ai l’air d’être sa putain de secrétaire ? »

Ok, ça commençait bien.